Mercredi 12 mai, Audrey, une assistante sociale a été abattue dans l’exercice de ses fonctions.

Aujourd’hui nous sommes tristes d’avoir perdu une collègue, en colère parce que c’est dans  l’exercice de son métier.

Le SNUASFP FSU adresse toutes ses condoléances à sa famille, ses proches et ses collègues de travail.

Le peu d’information sur ce drame dans les médias nationaux témoigne du travail toujours maintenu dans l’ombre de ces professionnel.le.s engagé.e.s au quotidien auprès des populations les plus en difficultés. L’absence de déclaration du gouvernement sur le meurtre d’une de nos collègues comme si mourir au travail était normal pour une assistante sociale est révoltante. Cela fut déjà le cas lors des meurtres d’un éducateur spécialisé à Nantes en 2015, d’une éducatrice spécialisé à Poitiers en 2017 ou encore d’un chef de service d’un CADA à Pau le 17 février dernier.

Les premières réactions de la municipalité montrent la méconnaissance des missions de ses travailleuses de l’ombre : « Je ne sais pas ce qu’elle allait faire chez ce monsieur »

Notre consœur venait faire son travail. Tenter d’apaiser la souffrance des victimes des politiques qui cassent les solidarités et isolent les plus fragiles et ce, sans reconnaissance, sans protection ni prime de risque. Elle faisait du lien, elle venait voir comment alléger la solitude de ce monsieur. Cela peut surprendre mais il y a encore des hommes et surtout des femmes dont c’est le métier.

Cette situation n’est malheureusement pas isolée : face à la désespérance, la colère se retourne contre celles et ceux qui viennent encore et toujours tenter de mettre en pratique la devise oubliée de notre république : la fraternité.

De nombreux travailleurs sociaux doivent faire face aux menaces de mort avec pour seule protection leurs compétences et leur courage pour dénouer des situations de crise. Mais qui le sait et surtout qui le dit et le reconnaît ? Qui écoute celles et ceux qui protègent, celles et ceux qui portent la voix de ceux que notre société n’écoute plus depuis longtemps ? Qui leur donne les moyens pour s’organiser autrement pour répondre à la détresse et la précarité exponentielles de nos concitoyens ? Quel responsable politique travaille avec elles pour entendre la détresse de nos concitoyens et permettre que l’assistante sociale «  apporte joie et bonheur » et ne soit pas là uniquement pour accompagner les mauvaises nouvelles ?

Les travailleurs sociaux doivent faire face seuls devant la misère et la désespérance sans soutien des politiques qui ne s’intéressent plus depuis longtemps aux plus fragiles et aux professionnels qui leur viennent en aide.

Nous demandons qu’un hommage soit rendu à notre collègue, la reconnaissance de son travail et la protection pour sa famille au même titre que n’importe quel fonctionnaire mort dans l’exercice de ses fonctions.

Nous demandons que ses collègues soient accompagnés pour pouvoir exprimer leur tristesse, leur colère, leurs craintes.

Nous demandons aux décideurs politiques de tous bords de prendre conscience des drames qui se déroulent en silence dont leurs politiques sont bien souvent la cause dont les travailleurs sociaux sont les témoins et tentent d’alerter toujours et encore pour y remédier.

Nous demandons qu’enfin les moyens de faire face à la crise sociale soient données à celles et ceux qui sont engagé.e.s au quotidien pour rétablir la dignité des laissés pour compte de notre société.

Les Lilas, le 14 Mai 2021