Le CTI, un pis-aller qui ne doit pas faire oublier l’urgence d’une situation plus globale !
L’annonce de l’extension du Complément de Traitement Indiciaire (CTI) à la filière sociale par le premier ministre lors de la conférence nationale des métiers de l’accompagnement social et médico-social a suscité beaucoup d’attente de la part des professionnel.le.s concerné.e.s. Et pour cause, 183 euros nets mensuels, par les temps qui courent, voilà une augmentation bienvenue !
« exclure notamment les personnels sociaux de l’Education Nationale c’est faire preuve au mieux d’une méconnaissance totale des missions exercées et au pire d’un mépris assumé »
La déception est d’autant plus grande à la lecture du décret concernant la fonction publique d’État : un périmètre d’application très restreint, excluant la majeure partie des personnels sociaux de cette fonction publique et notamment les assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social d’une très grande majorité des différents ministères. Cette exclusion est d’autant plus incompréhensible lorsque l’on regarde les conditions d’attribution subsidiaires aux professions concernées : exercer à titre principal, des fonctions d’aide et d’accompagnement socio-éducatif au sein de services, établissements et structures précisés dans l’article 1 (principalement le secteur de la protection de l’enfance, du handicap, de l’insertion, de la dépendance, la PJJ ou encore les SPIP). Dès lors, exclure notamment (mais pas que) les personnels sociaux de l’Education Nationale c’est faire preuve au mieux d’une méconnaissance totale des missions exercées (nul besoin de revenir sur l’accompagnement socio-éducatif ici, ni sur la participation pleine et entière à la protection de l’enfance, à l’insertion et bien d’autres encore) et au pire d’un mépris assumé sur des professionnel.le.s représentant.e.s plus de 80 % des corps interministériels des ASSAE et des CTSSAE. Malgré les interventions répétées (directement au premier ministre lors de la conférence nationale et à de nombreuses reprises entre l’annonce et la parution du décret) du SNUASFP FSU, soutenu par sa fédération, la FSU, le gouvernement n’a aucunement infléchi sa position, ne prenant pas la mesure de la gravité de la situation.
« Le constat est flagrant : les personnels sociaux de l’Education Nationale(…)ne perçoivent toujours aucun signe de reconnaissance de la part de leur employeur »
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir exposé des éléments tangibles, objectivés et indiscutables lors des multiples groupes de travail et instances auxquels le SNUASFP FSU a participé : pénurie de candidat.e.s pour pourvoir les postes vacants, décrochage de la rémunération depuis de nombreuses années, régime indemnitaire très en deça des ASSAE et CTSSAE des autres ministères et encore plus des autres corps de catégorie A, explosion des demandes d’accompagnement social au sein des trois services sociaux de l’Education Nationale…Le constat est flagrant : les personnels sociaux de l’Education Nationale font face à un fort accroissement de leur charge de travail et, malgré leur engagement quotidien sans faille, ne perçoivent toujours aucun signe de reconnaissance de la part de leur employeur.
« entre un et deux mois de salaires perdu chaque année »
Cette exclusion du CTI est la goutte d’eau de trop ! Pour le SNUASFP FSU, c’est inacceptable et c’est d’ailleurs pour cela que nous avons écrit au Président de la République dès la parution du décret. C’est aussi pour cela que nous vous proposons de lui écrire à votre tour pour témoigner de votre agacement et de votre colère. Plus nous serons nombreux à lui faire parvenir notre mécontentement, plus il lui sera difficile d’en ignorer les raisons. Mais ne nous y trompons pas : ce CTI, aussi bienvenu soit-il pour des raisons bien compréhensibles de pouvoir d’achat, ne constitue pas une réponse suffisante, loin s’en faut, à la situation constatée. S’il est vrai que le versement du CTI dans d’autres administrations va amplifier les difficultés de recrutement déjà importantes à l’Education Nationale, ce n’est pas la revendication principale portée par le SNUASFP FSU. Le combat à mener est bien celui des salaires. La catégorie A qui est la notre est très en dessous de la catégorie A type. L’argumentaire servi lors des négociations PPCR ayant conduit à ce reclassement en catégorie A tombe de lui-même aujourd’hui : la nécessaire cohérence des grilles des personnels sociaux avec celles des infirmières en 2017 ne semble plus être indispensable en 2022 alors que les infirmières ont justement obtenu une revalorisation de leur grille au 1er janvier dernier, faisant tomber la cohérence imposée précedemment. Au delà de ces grilles, c’est bien le gel du point d’indice qui est à l’origine du déclassement des rémunérations. En janvier dernier, le SNUASFP FSU publiait sur son site internet un comparatif entre l’évolution des salaires suite au gel de ce point d’indice et l’évolution qui aurait du être en collant à l’inflation. Le constat est effarant : entre un et deux mois de salaires perdu chaque année, quasiment une année de salaire en moins sur les 10 dernières années !
Alors si le SNUASFP FSU continue de se battre sur tous ces sujets, si l’exclusion du CTI est un scandale de plus, si nous vous invitons à vous saisir massivement de l’opération « deux clics pour le CTI », ne soyons pas dupes : ce CTI est un pis-aller qui ne doit pas faire oublier l’urgence de la situation plus globale !
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Le SNUASFP FSU met à votre disposition le formulaire ci-contre pour écrire directement au Président de la République parce que signer c’est bien mais être lu par le principal concerné c’est encore mieux.
Complétez vos nom, prénom, adresse mail et votre académie, envoyez et le Président de la République et ses principaux collaborateurs recevront par mail le texte ci-dessous !
Le SNUASFP FSU vous tiendra informé des suites de cette action, n’hésitez pas à nous faire part des retours que vous auriez également, ensemble nous sommes plus fort !
Ecrivez directement au Président de la République : deux clics pour le CTI !
Monsieur le Président de la République,
Lors de votre campagne présidentielle, vous avez annoncé vouloir faire de l’école, de la santé et de la protection de l’enfance vos priorités ; et de l’égalité entre les femmes et les hommes une grande cause de votre second quinquennat.
Le complément de traitement indiciaire, d’abord versé aux seuls personnels de la Fonction publique hospitalière, a depuis été étendu à deux reprises, pour les travailleurs sociaux et un certain nombre de personnels de santé. A ce jour, les assistantes sociales et conseillères techniques de service social de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur en sont toujours exclues, malgré un fort accroissement de leur charge de travail, conséquence – entre-autre – de la pandémie dont les effets continueront à se faire sentir à moyen et à long terme.
Au regard de mon engagement sans faille, j’estime avoir fortement participé au maintien de « l’École ouverte ». Et aujourd’hui encore, je suis toujours en première ligne pour prendre en charge les besoins accrus des élèves et de leur famille, ceux des étudiants et des personnels.
Vous n’êtes pas sans ignorer les difficultés de la jeunesse constatées par toutes les études et remontées de terrain : mal-être croissant avec une multiplication des passages à l’acte, précarisation des familles, multiplication des situations de décrochages scolaires, amplification des situations de harcèlement scolaire, difficultés éducatives avec notamment un accroissement exponentiel des recueils d’informations préoccupantes et des signalements « enfance en danger »…
Les personnels de l’Education Nationale, en première ligne pour garantir la continuité du service public d’éducation sollicitent de plus en plus un accompagnement social tant pour trouver une écoute face au mal-être et à la fatigue professionnelle rencontrée que pour faire face à leur précarisation.
Que dire de la situation des étudiants dont la précarisation est largement documentée et pour qui les besoins d’accompagnement tant en terme d’accès aux droits que de soutien psycho-social sont en forte hausse.
Sur tous ces sujets, et sur bien d’autres, mon engagement est quotidien malgré des secteurs d’interventions souvent chargés et nécessitant de ne pas compter ses heures pour répondre aux besoins.
J’appartiens à une profession féminisée à plus de 95 %, subissant déjà une rémunération très largement inférieure aux autres corps de catégorie A. Lorsque j’exerce en éducation prioritaire, je suis injustement exclue du bénéfice de la prime REP+. Mon régime indemnitaire, malgré deux revalorisations successives, est toujours inférieur à la moyenne interministérielle des assistantes et conseillères techniques de service social de la fonction publique d’État et bien inférieur aux régimes indemnitaires des autres corps de catégorie A. Avec mes collègues, nous constatons que les difficultés de recrutement n’ont jamais été aussi importantes. L’exclusion du CTI ne fera qu’aggraver cette perte d’attractivité.
Cette exclusion est d’autant plus incompréhensible que le décret n° 2022-741 du 28 avril 2022 relatif au versement d’une prime de revalorisation à certains personnels relevant de la Fonction publique de l’État évoque des établissements et services pour lesquels le public accueilli est scolarisé au sein des établissements scolaires et de l’enseignement supérieur où je suis souvent le premier recours pour les accompagner. De plus, les orientations vers ces établissements et services ont bien souvent été effectuées au préalable par les assistantes sociales scolaires après un accompagnement renforcé de ces élèves et familles.
Alors que je suis constamment au contact du public le plus vulnérable qui soit, les enfants, les adolescents, les jeunes adultes ou encore les personnels en situation de fragilité, que lorsque j’exerce au service social en faveur des élèves, je suis en première ligne pour recueillir les révélations de maltraitance ou d’agression sexuelle, encore une fois, je me sens dévalorisée par la décision de m’exclure de cette mesure de complément de traitement indiciaire alors même que mes collègues, exerçant dans les services et établissements où j’oriente ces élèves après avoir été souvent la première à recueillir sa parole et à l’accompagner vont le percevoir.
Depuis des années, je suis moins rémunérée que les autres corps de catégorie A. Depuis des années, lorsque j’exerce en éducation prioritaire, je subis mon exclusion de la prime REP+ alors que les membres de l’équipe éducative à laquelle j’appartiens la perçoivent. Depuis 2010, mon salaire stagne du fait du gel du point d’indice et avec l’inflation cumulée, implique une perte de pouvoir d’achat de près de 30 % en moyenne. Malgré tout cela, jamais je n’ai cessé de travailler chaque jour auprès des élèves parce que je sais à quel point ma présence et mon action sont essentielles.
Aujourd’hui, cette exclusion du CTI est la goutte d’eau de trop, celle qui me fait ressentir profondément l’injustice vécue depuis trop longtemps. Vous avez déclaré faire de l’école, de la santé, de l’égalité Femme/Homme et de la protection de l’enfance les priorités de votre second quinquennat. Mes missions sont au cœur de celles-ci. Les multiples interpellations du SNUASFP FSU, syndicat majoritaire des assistantes et conseillères techniques de service social ont reçu des fins de non-recevoir. A mon tour, je vous demande donc de bien vouloir faire le nécessaire pour que les assistantes et conseillères techniques de service social de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Supérieur perçoivent ce complément de traitement indiciaire, ce qui serait un premier engagement quant à la mise en œuvre de vos priorités.
Je vous prie, Monsieur le Président de la République, de bien vouloir recevoir mes respectueuses salutations.