De la nécessité de se faire entendre !

Il y a un an, les assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social de l’Education nationale étaient réuni.e.s dans les rues parisiennes pour exprimer leur ras le bol. Ras le bol d’être invisibles, ras le bol d’être sous-payé.e.s, ras le bol de courir après le temps pour faire face aux besoins dans un contexte récurrent de pénurie de moyens, ras le bol de devoir constamment justifier leur place essentielle au sein des établissements scolaires.

 

Hasard du calendrier, l’ouverture des assises de la santé scolaire en ce mois de mars 2025 sonne comme un rappel de la nécessité de continuer à se faire entendre. Une consultation qui semble opportunément orientée, un calendrier très resserré qui ne laisse que peu d’illusions sur les réelles ambitions du ministère, le tout faisant suite à de nombreux rapports préconisant une restructuration de la santé scolaire et de ses personnels. Plutôt que de traiter des moyens pour l’organisation, le ministère semble vouloir traiter de l’organisation des (maigres) moyens existants. Ou comment tenter de faire un affichage politique à peu de frais pendant que la jeunesse de notre pays va mal. Toutes les études le démontrent, il y a urgence. L’urgence, c’est aussi le cas pour la protection de l’enfance, qu’il s’agisse de prévenir les maltraitances et les violences sexuelles, de repérer et d’accompagner les situations préoccupantes ou encore de protéger les enfants victimes. L’école, parce qu’elle est un lieu de vie majeur dans le quotidien des enfants et adolescent.e.s, a un rôle prépondérant à jouer. Pour cela, il n’est plus possible de maintenir une ambiguité politique permanente présentant ces sujets comme des priorités tout en laissant les professionnel.le.s dont ce sont les missions se débrouiller sur le terrain avec des moyens qui font défaut. Pire, ces assises, parce que le ministère estime devoir prendre appui sur les différents rapports existants dont le contenu est au minimum partiel et souvent partial, sont de nature à faire monter une musique trop souvent entendue et inacceptable visant à faire peser sur les professionnel.le.s la responsabilité des limites actuelles. Disons-le clairement ici : ce n’est pas la question de l’organisation qui doit se poser mais bien celle de la volonté politique d’investir avec ambition pour accompagner la jeunesse dans tous ses besoins à commencer par ceux permettant de suivre une scolarité dans de bonnes conditions.

 

 

Depuis quelques jours, les assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social se sentent  encore une fois  légitimement maltraité.e.s  notamment à travers la consultation en ligne initiée dans le cadre de ces assises. Le SNUASFP FSU partage cette indignation à l’égard d’un questionnaire complètement hors-sol et démontrant comme trop souvent une méconnaissance des missions exercées par ces personnels sociaux. La facilité viserait à appeler au boycott de ce questionnaire. Après tout, un questionnaire hors sol, qui laisse entendre que les dés sont pipés avec des mesures déjà décidées en amont de ces assises de la santé scolaire, à quoi bon le compléter ? En réalité, pour le SNUASFP FSU, le sujet n’est pas celui de répondre ou non à ce questionnaire. Si en effet, on considère que les dés sont pipés d’entrée, en toute cohérence, cela implique de ne pas participer aux autres espaces de concertation prévus ce que le SNUASFP FSU se refuse pour le moment à faire : ce serait laisser toute sa place non seulement à l’expression des autres professions concernées et participerait à invisibiliser les personnels sociaux et surtout, cela reviendrait à laisser le ministère dérouler ces projets sans aucune contradiction. Ce serait également se priver d’un espace ouvert pour porter avec exigence et force les revendications des personnels sociaux et elles sont nombreuses.

 

En revanche, le SNUASFP FSU est convaincu d’une chose : comme toujours dans l’histoire des assistant.e.s et conseiller.e.s techniques de service social, les avancées ne se gagneront qu’à travers un rapport de force. Entrer en discussion avec les professionnel.le.s fortement mobilisé.e.s donne un poids sans commune mesure à la parole portée.

 

C’est pour cela que depuis de nombreux mois, le SNUASFP FSU multiplie les initiatives pour construire et amplifier les mobilisations du printemps dernier : lettre ouverte pour recueillir la signature de l’ensemble des personnels sociaux du MEN, organisation de nombreuses réunions d’information syndicale entre le 17 et le 21 mars, visio avec les adhérent.e.s le 31 mars, c’est ensemble, en débattant, en définissant les modalités d’action qui nous semblent les plus pertinentes que nous pourrons nous faire entendre et obtenir des avancées. En mars dernier, c’est par la mobilisation que nous avons gagné une revalorisation indemnitaire. En octobre, c’est par la mobilisation que nous avons obtenu la transposition de cette revalorisation pour nos collègues des CROUS. Et alors que s’ouvre un printemps 2025 de tous les dangers, c’est à nouveau par la mobilisation que nous saurons imposer nos revendications.

 

Dès maintenant, continuons à nous réunir, à mettre en débat les actions qui nous permettront de nous faire entendre, investissons l’outil syndical, syndiquons-nous, partageons notre vécu quotidien pour imaginer d’autres possibles et les faire aboutir au plus vite !